mercredi 6 juin 2012

1971-90 : Asifa

Une espèce de "machin" à la de Gaulle
Un premier clash, de la France comme il se doit, est intervenu en 1969. L'Asifa-France devient l'Afca, Assosiation française du cinéma d'animation. Dans une réunion houleuse (1970 ?) des comptes furent réglés à grands noms d'oiseaux. Bienvenu dans la "grande famille" du dessin animé. Tu parles ! On se serait cru aux grands moments de la Sorbonne deux années plus tôt. Je reconnais être resté un peu baba devant tous ces grands du  dessin animé français qui, en fait, en venaient presque aux mains pour des futilités qui m'échappaient complètement.
De mémoire cette réunion était composée (entre autres) de R. Maillet, M. Boschet. P. Grimault, J. Image, M. Otéro, A. Alexeïeff, B. Clarens, A. Champeaux, etc, etc.
Stephen Bosustov, Paul Grimault, Alexandre Alexeïeff, Jiri Trnka lors d'une édition à Annecy.

En changeant de nom la France retrouvait une certaine indépendance. On avait bien quitté l'Otan en 1966.

Côté bordel organisé, il n'y a pas que les Français... Les Assemblées générales de l'Asifa ont eut elles aussi leurs grand moments.
L'association internationale du film  d'animation, association régit sous la loi française dite de 1901, avait été créée vingt ans plus tôt pour réunir tous les passionnés du cinéma  d'animation professionnels et amateurs, qui avaient déjà leurs journées à Cannes (1). Grimault, Trnka, Alexeieïeff, Mclaren, etc. se sont mis d'accord pour se regrouper dans un grand esprit de fraternité ; tout ça avec trois langues officielles pour communiquer : le français, l'anglais et le russe pour aider ceux de derrière le Rideau de fer.
Les AG, bi-annuelles, tombaient (comme par hasard) toujours les années où se déroulaient le Festival. Cela peut paraître injuste mais Annecy avait déjà une réelle notoriété internationale et les animateurs du monde entier se déplaçaient volontiers en Haute-Savoie. En revanche, les rares festivals (2) de l'Est (comme Mamaïa en Roumanie) racolaient plus du côté des "Rouges". Oups, au temps pour moi, l'Asifa est apolitique.
Donc, tous les deux ans, on avait droit à cette grande réunion qui devint souvent une  foire d'empoigne. Déjà, côté communication, il y avait comme un hic. Il fallait tout  traduire dans les trois langues officielles, les questions, les réponses ou les interventions à brûle pourpoint. Bonjour l'attente… Si bien qu'aux bout de plusieurs heures on sortait épuisé, la tête comme une pastèque, baragouinant on ne sait trop quelle langue et sans avoir réellement pris de grandes décisions. Mais on c'était réuni et c'était là le point positif. On se retrouvait à la terrasse du casino devant une bière.

Une des grandes discussions a été le vote et leur représentativité. 1 membre = 1 voix. Cette question a-t-elle été résolue depuis dans la grande maison ? je ne  sais pas ayant quitté depuis fort longtemps la communauté internationale. Qui saura y répondre ?
Ce point devint vite sensible; certains pays, des petits, menés par la France ont mis les pieds dans le plat car on c'était rendu  compte qu'avec ce genre de vote et vue la répartition des membres par pays, un clash allait être inévitable car les Américains représentaient à eux seuls pratiquement la majorité des membres. L'hégémonie Us devenait évidente (petit rappel l'Asifa ne fait pas de politique !). Cette question est arrivée sur le tapis en 71-73, sous la présidence (française) de Françoise Jaubert revenue du Canada. Cette femme énergique, est une vraie rigolote sous ses aspects austères, mène les réunions d'une sacrée poigne. C'est vrai que l'inégalité des votes était flagrant et que ce système ne permettait pas une réelle démocratie : la proposition étant de fédérer l'association, 1 pays = 1 vote ; comme à l'Onu. Élémentaire mon cher Watson. Ce ne fut pas gagné, car les intérêts de chacun ne s'y retrouvaient pas. Le marchandage des pouvoirs pouvant encore résoudre certains problèmes nos réunions allaient encore être riches et passionnantes... pas mal de pays d'Europe de l'Est soutenaient la France (pour emm... les States) avec d'autres petits pays comme la Suisse, l'Italie, etc. eux aussi modestement représentés.

Money, money.
Autre Loch Ness dans ce monde des Toons. Si mes souvenirs sont encore bons il y avait une cotisation en dollar et en francs pour l'Ouest et, pour l'Est, en... heu... je sais pas, avec un compte particulier ouvert dans une Démocratie populaire. Vues les conditions politiques plutôt tendues à cette époque il était interdit de sortir des devises. Ne me  demandez pas comment tout cela était géré, je n'ai jamais été dans les arcanes administratives et ce n'était pas mon soucis. Pendant un temps, le bulletin de l'Asifa a été imprimé à l'Est histoire d'utiliser les devises dormantes.
Juin 1979, rapport du trésorier "lu et approuvé à 99,9999 %". Un comptable pourrait-il analyser ce budget prévisionnel au lance-pierre.

Page 2, Rapport AG, Zagreb, 31 mai 1988.


Pour les 30 ans de l'Asifa j'avais trouvé un peu raide que l'association ne se fende même pas d'un jus de fruit pour fêter l'événement pour conclure notre fameuse AG tumultueuse. John Halas (le président en exercice) m'avait donné raison mais pas cassé la tire-lire pour autant. On s'est séparé la gorge sèche.
Ma dernière cotisation (175 francs) date de 1990. Sans nouvelle, un laisser-aller évident dans l'organisation, j'ai laissé tomber la bande de "boy-scouts" comme disait Tonton Edouard.
Tout cela est peut-être en marge du Festival mais c'était l'envers de l'animation, dans tout les sens du terme.

Voir http://www.asifa-sf.org/?p=50 pour y découvrir un top 50 représentatif des membres du bureau de l'époque. Sans plus.
Pour adhérer à l'Asifa : http://asifa.net/

1 : Cf. le blog de Dominique Puthod sur cette partie historique : http://www.dominiqueputhod.fr/
2 : Voir l'article de Bruno Edera  sur les festivals d'animations dans le monde : http://www.awn.com/mag/issue1.10/articles/edera.fr1.10.html


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