mercredi 13 juin 2012

1979: L'E Motif

Un virtuose au casino.
Le spectacle est sur la scène. Sur l'écran des images animées venues d'un autre monde défilent à une vitesse vertigineuse. Ça bouge sans interruption, la caméra est lancée à toute allure dans le monde de son auteur. Mais pourquoi une telle émotion ? Evidemment cela tient avant tout de l'animation, de sa maîtrise, de la poésie qui se dégage tout au long de ces quelques minutes. 
C'est le premier film d'un inconnu, Jean-Christophe Villard, un type formidable avec un  cœur gros comme ça. II adore plaisanter, bien manger et boire, on ne peut que sympathiser avec lui. Le lendemain de la projection il est tout ému comme un gamin. Il ne se rend pas bien compte de ce qui s'est passé la veille mais la mayonnaise a bien pris. En effet, la projection dans la grande salle du casino (avec ses deux balcons) a quelque chose d'exceptionnel. Jean-Christophe a inscrit son film à la sélection et a présenté une copie muette au Jury. Visiblement celui-ci a été suffisamment séduit par la maestria du jeune animateur pour l'accepter dans la compétition officielle. Raymond Maillet, délégué général, a une la géniale idée (un coup de pouce ?) de faire accompagner exceptionnellement la projection muette par un pianiste, comme au bon vieux temps du muet. Effet garanti. La salle, déjà bien chaude, a réagi au quart de tour et ce fut une réelle ovation. Il est vrai que cette animation époustouflante, que l'on découvrait, prenait avec l'accompagnement au piano improvisé une autre dimension. Rarement une telle émotion fut atteinte. Il a remporté le Prix de la critique Jica 1979. 
C'est la jambe dans le plâtre qu'il vint récupérer son prix. Ça fera l'objet d'une page.

Il faut savoir que J-C est ambidextre. Plein de fierté et de provocation, il s'amusait à dessiner dans une banale indifférence des deux mains sur un coin de table de bistrot. Quant à l'animation, il enchaînait dessin après dessin, feuille après feuille, sans avoir le moindre doute. La réincarnation de Ub Iwerks.


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