On est presque venu aux mains...
Étaient présents Michel Roudévitch et André Martin (François Joubert membre du Jury pouvait être présente, je ne peux l'affirmer, quant au quatrième larron je cherche l'info). Depuis Paris, ils avaient participé à la sélection des films devant avoir l'honneur d'être présentés soit en compétition soit en panorama (hors compétition).
Le coup d'état de Pinochet au Chili de 1971 est toujours présent. L'ambiance est encore chaude, l'esprit frondeur toujours présent et la révolte post-soixante-huitarde encore vive.
Hélas pour le Comité de sélection, il a eu la mauvaise idée, selon certains, ou la maladresse, selon d'autres, de refuser un film chilien (1). La guillotine n'est pas montée sur le Pâquier mais l'ambiance est là, faute d'explications rationnelles sur ce refus des têtes doivent tomber. Dans les plus "critiques", Il y a quelques membres de l'équipe du fanzine Fantasmagorie (première publication en France sur le dessin animé dans laquelle Jean-Pierre Jeunet y rédige d'excellentes chroniques avec ses amis Phil Casoar, Marc Caro, etc.) dont André Igual n'est pas en manque d'arguments. Dire que tous les noms d'oiseaux y sont passés durant cet échange houleux dans une salle du Casino serait presqu'un euphémisme. Sur la scène Michel et André n'y tenant plus, en sueur, se défendent comme des diables, presque menaçant, sortis de leurs gonds ils répondent mot pour mot avec une rare énergie. Tous le monde est excité, l'atmosphère est électrique. Rarement une conférence de presse aura suscité autant de réactions (quel temps béni). L'important, c'est que tout le monde a échangé et donné son avis sur la question, même ceux qui n'avaient pas vu le film d'ailleurs… Peu importe la mauvaise foi, Chacun y est allé sur ce "Jury suppo de l'impérialisme dominant" (j'y vais fort, c'est vrai, mais la situation était tellement risible) devait rendre compte devant le peuple présent.
Donc acte. La leçon a-t-elle été retenue ? Bien sûr que non car le problème de la sélection fera partie de ces marronniers que le Festival traîne encore... et de nos jours les membres du jury sont aimablement ignorés.
André Martin, pas démonté pour autant, et comme pour se faire "pardonner" va nous offrir cette année-là, en "Festival off" (une première !), au cinéma Vox, une conférence-démonstration époustouflante sur l'avenir des images animées. Sur ce qu'il entrevoit ce que sera l'avenir. Visionnaire le bonhomme.
Peux-t-on encore définir le cinéma d'animation comme une suite d'images fixes filmées ? Quel avenir à totut cela ?
Par quelle stratégie a-t-il pu organiser cette séance, en récupérant tout ce qui avait été écarté par le jury parisien de sélection mais qui démontrait de ce qu'allait devenir le dessin animé avec les nouvelles images. Fini le cartoon et ces 24 images secondes laborieusement dessinée. Place aux aux images du futur, celles générées par ordinateur. C'est ce credo que Martin va nous asséner durant plusieurs heures avec d'innombrables exemples venus d'expériences improbables : des bidouillages de cuisine, exécutés avec un oscilloscope (on évoque à peine les mots d'image électronique) ou de gratouillis sur de la pellicule, mais André nous parle déjà de pixel et que c'est à ce niveau que seront créées les prochaines images. Dont acte. Leçon retenue pour ma part.
On s'en mordra les doigts quand en 1981 on (2) créera RécréAfca journée ouverte à la création de tous ces membres de l'association (ce n'était pas un mini festival mais…) et que Gilbert Comparetti (alors un des pionniers dans ces nouvelles technologies) fera une démonstration d'ordinateur devant une quasi indifférence (voire mépris) de certains pontes de l'association. Ça ne marchera jamais avaient-ils affirmé.
1. Particularisme à cette époque du principe de la sélection parisienne, n'importe qui (hé oui!) pouvait venir voir les films soumis au jugement des quatre membres sans pour autant gêner le Jury présent.
Je mettrai en ligne un de ces jours les 14 pages - très intéressantes - du compte-rendu (Note sur un triangle) d'une réunion à l'Afrca sur les problème de la sélection. Nov. 1978.
2. Marcelle Ponti, Gabriel Cotto et Thierry Steff. Gracieusement Raymond Maillet nous avait laissé carte blanche sous-entendu "Démerdez-vous".
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